- brader
-
• 1866; néerl. braden, all. braten « rôtir »1 ♦ Vendre en braderie.2 ♦ Par ext. Se débarrasser de (quelque bien) à n'importe quel prix. ⇒ liquider, sacrifier. J'ai bradé ma voiture. Fig. On accusa le gouvernement d'avoir bradé les colonies.Synonymes :- bazarder (familier)- liquider- solderbraderv. tr. Vendre à vil prix. Brader ses meubles.⇒BRADER, verbe trans.A.— [L'obj. désigne un produit]1. Vx. Gaspiller :• 1. — Prends de la farine, dit-elle, c'est tout de même. (...) C'est la provision de la semaine. — Ne la brade pas quand même! ajoute la malheureuse.BERNANOS, Nouv. Histoire de Mouchette, 1937, p. 1308.2. Vendre (une marchandise) à vil prix. Vous ne vendez pas votre marchandise, vous la bradez (Lar. 19e).— P. ext., fam. Se débarrasser de (quelque chose) à un prix très bas. Brader une vieille voiture (Lar. encyclop.), brader son ancien mobilier (DUB.).— Emploi abs. Brader des marchandises à la braderie.B.— Au fig. (ds le domaine pol.), fam. et péj. Brader l'Empire, les colonies (ROB.), brader un territoire (Lar. Lang. fr.) :• 2. Et pourtant, il circule encore des tracts innommables, où l'on accuse, une fois de plus, Pierre Laval d'avoir vendu la France, bazardé la flotte, bradé l'aviation...L'Œuvre, 12 févr. 1941.— Emploi pronom., rare (cf. CAPUT 1969). Faire une mésalliance :• 3. Quoiqu'elle ait une dot, elle ne se braderait pas en m'épousant; je n'ai pas de fortune, mais j'ai un bon état.Lar. 19e, 1867.ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1440 Flandre « griller les viandes » (D'apr. R. MARQUANT, La Vie économique à Lille sous Philippe le Bon, Paris, 1940, p. 149), sens demeuré dans le liég. (Glons) bradi « flamber » (HAUST et GESCH.); 2. a) rouchi « gâter, ne pas tirer d'une chose tout le parti possible » (HÉCART), wallon « gâter, gaspiller » (GRANDG.); liég. « gaspiller, p. ex. le pain en le mangeant » (GESCH.); b) liég. « gaspiller la marchandise en la vendant à vil prix » (HAUST), rouchi « vendre sa marchandise à vil prix » (HÉCART), pic. « id. » (JOUANC.); d'où 1867 fr. brader (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 2e éd. : Brader. Vendre à vil prix. Argot des marchands de bric-à-brac); 1867 (Lar. 19e).Empr. au m. néerl. braden « rôtir » (FEW t. 15, 1, p. 233; DAUZAT 1968; BL.-W.5; EWFS2) auquel se rattachent l'a. h. all.
, m. h. all. braten, ags.
(DE VRIES Nederl., s.v. braden; KLÜGE20, s.v. braten). Le mot est parvenu en fr. à travers les dial. wallon et pic. Le sens de « gaspiller, gâcher » (d'où vendre à vil prix ») est issu de celui de « détruire, gâter par le feu »; cf. le néerl. braderie « maison où l'on fait bombance » et le flam. bradeeren « gaspiller », cités par GESCH.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1.BBG. — QUEM. 2e s. t. 1 1970, p. 9. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 155. — VAGANAY (L. J.). Notules. Neuphilol. Mitt. 1939, t. 40, pp. 374-375.brader [bʀade] v. tr.ÉTYM. 1866; « griller des viandes », puis « détruire par le feu », d'où « gaspiller », Flandres, v. 1440; cf. les fig. de griller; mot wallon et picard, du néerl. braden, cf. all. braten « rôtir ».❖1 Vendre en braderie. || On brade, on brade !2 Par ext. Se débarrasser de (une marchandise, un bien) à n'importe quel prix. ⇒ Liquider, sacrifier. || J'ai bradé ma voiture.1 Ne la brade pas quand même ! ajoute la malheureuse. Mets ce qu'il faut.Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette, in Œ. roman, Pl., p. 1308.2 Il est donc très facile de liquider la Vergeraie et la Bertonnière, excellentes métairies qui sont au surplus en fin de bail. Il l'est moins de brader la Belle Angerie, occupée, mal en point et défendue par les cris de la famille.Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 104 (1972).3 Quant à la fusion, même échec; les deux administrateurs, affirmant que Brasselier voulait brader l'affaire, avaient alerté les actionnaires (…)René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 15.3 (Dans le disc. polit.). || Brader l'Empire, brader les colonies : abandonner des territoires nationaux sans les défendre. || La droite accusait la gauche de vouloir brader l'Algérie.4 (…) les mêmes qui ont fait croire à une partie de l'opinion que P.M.-F.1 a bradé l'Empire français (…)F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 315.1. Pierre Mendès-France.5 Premier banquier : C'est foutu. Un gouvernement de traîtres nous brade notre empire.Deuxième banquier : Ainsi, de l'Indépendance ils ont fixé la date1 !Aimé Césaire, Une saison au Congo, I, IV.1. Il s'agit du Congo.❖DÉR. Bradage, braderie, bradeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.